Le retour de la mal-aimée, Virgil Abloh ravive la Air Jordan 2 !

Les revivals continuent de rythmer le marché sneakers, et en cette fin d’année le Jumpman enclenche celui de la Air Jordan 2. Le deuxième modèle signature de His Airness fait même son retour par la grande porte, sous la forme d’un pack en collaboration avec Off-White. Reste à savoir si Virgil Abloh parviendra à mettre enfin de la lumière sur cette silhouette, toujours restée dans l’ombre du reste de la collection Jordan.

La Air Jordan 2, un positionnement (trop) audacieux

1986. Michael Jordan s’apprête à entamer sa troisième saison NBA, qui doit confirmer son retour au top après une blessure au pied. Nike, fort du succès de sa première paire signature la Air Jordan 1, lui a concocté un nouveau modèle avec la Air Jordan 2. Imaginée par le concepteur de la AJ1 Peter Moore avec le renfort de celui de la Air Force 1 Bruce Kilgore, la silhouette est porteuse d’un réel parti pris stylistique.

Il résulte d’une volonté claire : faire de la Air Jordan 2 la première b-ball luxueuse. Une paire à la fois performante sur les parquets et fashionable. Ainsi est-elle portée par un design épuré et une conception “made in Italy”, entre cuir premium et empiècement au motif reptilien, qui lui vaudra le surnom de “Italian Stallion” - étalon italien, ndlr. Pas de quoi convaincre le principal intéressé pour autant, ni le grand public...

“Le mouton noir” du catalogue Jordan

Michael Jordan aura beau effectuer une saison dantesque avec la Air Jordan 2 aux pieds - avec une moyenne de 37,1 points par match, sa plus élevée en carrière -, il n’aimait pas le modèle, qu’il trouvait trop lourd et disgracieux. Signe qui ne trompe pas, les Peter Moore et Bruce Kilgore ont ensuite été écartés du design chez Jordan au profit de Tinker Hatfield, à qui l’on doit la permanence chez Nike d’un MJ qui songeait très sérieusement à quitter le navire à ce moment précis.

Le public aussi a boudé la Air Jordan 2, malgré un bon démarrage imputable aux exploits de His Airness. La raison est peut-être extérieure au design : du fait de sa conception, la paire coûtait en effet la bagatelle de 100$, une grosse somme pour l’époque et un grand écart vis-à-vis de la Air Jordan 1 initialement vendue 65$. Coincée entre cette première silhouette légendaire et les créations suivantes de Tinker Hatfield, la Air Jordan 2 est depuis décrite comme le “mouton noir” du catalogue Jordan.

Bientôt la consécration ?

Malgré tout, la Air Jordan 2 est l’une des premières paires rétroisée par Jordan, les deux colorways OG de ses versions High et Low étant rééditées en 1994. Mais à croire que rien ne fut simple pour le modèle, il restera une décennie dans les abîmes. La rumeur veut que Nike ait égaré durant cette période les moules originaux, empêchant sa reproduction… On la retrouvera avec assiduité à partir de 2004, y compris à travers des éditions spéciales comme les Carmelo Anthony et Doernbecher, ou des collabs avec Eminem et Don C. Pas assez pour lui permettre de goûter au succès d’estime.

Virgil Abloh parviendra-t-il à inverser la tendance ? En cette fin d’année 2021, c’est en effet le serial hitmaker qui lance le revival de la Air Jordan 2 avec des versions Low à la semelle usée et craquelée, design inspiré d’une archive. Après Off-White, le retailer Union ainsi que l’artiste J Balvin réinterpréteront le modèle, que le Jumpman semble décidé à pousser. Mérité, pour la mal-aimée de la gamme. Car si son histoire nous parle d’échec, la Air Jordan 2 n’était-elle pas simplement trop en avance sur son temps ? Mixer performance et lifestyle, technologie et conception luxueuse, était une vraie démarche avant-gardiste en 1986 qui résonne aujourd’hui comme une évidence. De quoi mériter une énième chance.

 

picture of author

Alexandre Pauwels

Journaliste sneakers, mode, lifestyle. Auteur du livre "Sneakers Obsession".

2 commentaires

Ferjani 30 déc. 2021

Trop beau

ISSAMGUi 30 déc. 2021

Super