1100€. C’est le prix moyen qu’il faut compter pour arracher la Nike Air Max 1/97 de Sean Wotherspoon sur le marché de la revente. On parle bel et bien de l’une des plus grosses cotes de ces dernières années, succès d’autant plus impressionnant qu’il s’agit d’un modèle eco-friendly. À l’heure où les collections responsables fleurissent chez tous les équipementiers, la 1/97 est la seule sneaker écolo à avoir véritablement rencontré la hype. Un véritable chef d’œuvre qui a permis à Wotherspoon, dont le patronyme était inconnu du grand public, de connaître une ascension fulgurante.

First step, Round Two
Sean Wotherspoon, c’est l’histoire d’un passionné de vintage. Collectionneur dès son plus jeune âge, il chine en ligne et dans les fripes de sa ville de Richmond en Virginie, accumulant sapes et sneakers. Pour financer son obsession autant que se libérer de l’espace, il se met à vendre certaines de ses trouvailles avec quelques amis. Page Facebook, box de stockage, puis boutique : ainsi naît Round Two en 2013.
Surfant sur la demande grandissante pour la seconde main, Wotherspoon et ses acolytes s’illustrent avec leur sélection éclectique, allant de sneakers introuvables à des pièces rétro de Nike, Polo ou Supreme, en passant par du merch rap des 90s. Le succès de leur chaîne YouTube faisant le reste, Round Two connaît une forte croissance et attire les VIP. Wotherspoon s’est fait un nom, et attire bientôt le regard de Nike.

Le “Nike Vote Forward” en tremplin
En 2017, celui qui n’est encore que le tenancier d’une boutique en vogue aux US est invité par le Swoosh pour le “Vote Forward” : il figure parmi les 12 “Revolutionairs”, des créatifs du monde entier chargés d’imaginer une Air Max inédite, dont la plus appréciée du public sera commercialisée lors du Air Max Day 2018. Wotherspoon remporte les suffrages avec sa désormais fameuse 1/97.
La silhouette allie la semelle de la Air Max 1 à l’upper de la 97, et séduit pour ce qu’on reconnaît depuis comme la patte du designer : des couleurs vives formant un ensemble harmonieux, des petits détails dont les sneakerheads raffolent à l’image d’un mini-swoosh sur l’avant-pied, et surtout l’usage de velours côtelé obtenu à partir de matières végétales. Un élément inspiré des vêtements Nike vintage et porteur des convictions de Wotherspoon, adepte de véganisme et particulièrement soucieux de l’environnement. Désignée comme l’une des paires de l’année 2018, la 1/97 reste à ce jour, et de loin, la sneaker écolo la plus cotée au resell.

D’ASICS à adidas, la patte Wotherspoon s’impose en référence
Fort de son premier succès, Wotherspoon a poursuivi sur sa lancée de footwear designer. Pas avec Nike, au grand dam des fans, sinon ASICS et finalement adidas, chez qui il semble toujours sous contrat. Ses différentes créations - Gel-Lyte III, Superstar, ZX 8000, Superturf… - reprennent ses codes entre conception eco-friendly, velours et palettes vitaminées. Si elles n’ont pas égalé la réussite de la 1/97, elles entretiennent la réputation d’un multi-casquettes désormais affirmé.
En parallèle des sneakers, Wotherspoon multiplie en effet les projets : collab apparel avec Guess, accessoire avec Vespa, design avec Porsche, reworks pour de grandes enseignes et collections upcycling avec Round Two qui compte désormais 7 points de vente outre-Atlantique… Jusqu’au lancement de sa propre marque, Late Lunch. Tout s’est enchaîné pour le fondateur de Round Two, désormais considéré comme une référence dans les univers streetwear et sneakers. Nul doute qu’il nous réserve de belles surprises à l’avenir, et on l’espère, puisqu’elles auront le mérite de faire rayonner l’écoresponsabilité.



Journaliste sneakers, mode, lifestyle. Auteur du livre "Sneakers Obsession".