Comment le Quai 54 est devenu le plus grand tournoi streetball au monde, une marque… et une référence du sneakers game

Le plus grand tournoi streetball du monde”. C’est ainsi que l’on désigne notre Quai 54 national. Mais au vrai, l’événement parisien, qui fête cette année ses 20 ans avec une nouvelle édition qui prendra ses quartiers sur le court Simonne-Mathieu de Roland-Garros les 1er et 2 juillet, dépasse largement le cadre du sport. Il est désormais reconnu comme une marque, pour les collections textile et surtout les sneakers qu’il signe chaque année avec Jordan, et plus largement en tant que vitrine de la street culture du fait de sa riche programmation incluant de grands noms du rap. Voilà comment “le Quai” est devenu une référence.

L’event d’un passionné de balle orange

Le Quai 54 voit le jour en 2002, à l’initiative d’Hammadoun Sidibé. Mordu de basket, discipline dont il est tombé amoureux lors d’un séjour à New York au début de la décennie 1990, le natif de Choisy-le-Roi crée son tournoi ouvert aux professionnels comme aux amateurs dans le but de combler le manque d'event rassembleur à cette période, les équipementiers ayant délaissé les opérations basket en France. Son nom est tiré de son tout premier emplacement, au 54 quai Michelet à Levallois, où il parvient à réunir 1500 personnes sans la moindre communication.

Constatant ce premier succès, Nike décide d’emblée de soutenir le Quai, tandis qu’un certain Thibault de Longeville, que l’on connaît bien pour ses docus consacrés aux kicks et notamment son “Sneakers : Le Culte des baskets”, rallie l’organisation en tant que vidéaste et directeur artistique, participant activement à sa professionnalisation. Le suite du développement tient à des épisodes précis. Il y a la venue en 2005 de la Terror Squad, équipe de streetball américaine dont l’échec en finale a une grande résonance, encourageant d’autres teams étrangères à venir y concourir. Puis celle des artistes internationaux Ludacris et Usher en 2009, édition qui de l’avis d’Hammadoun, a fait passer le Quai 54 à un autre niveau. Mais la vraie différence, c’est son partenariat avec Jordan qui l’a faite.

Voler plus haut avec les Wings du Jumpman

D’abord sponsorisé par Nike, le Quai 54 passe dans le giron de sa filiale Jordan à compter de 2006. De la volonté du dirigeant Gentry Humphrey, qui croit beaucoup en l’évènement, le Jumpman va lui donner un relief international par son financement, la livraison de tenues et de paires exclusives pour les athlètes, mais aussi et d’abord par son carnet d’adresses. C’est en effet par l’entremise de Jordan qu’un Ludacris a pu intervenir à l’édition 2009 du Quai, point de départ de son changement de dimension.

Solidement établi et reconnu grâce à l’appui du Jumpman, le Quai 54 s’exporte désormais dans les lieux les plus emblématiques de la capitale - Champ de Mars, Place de la Concorde, Palais de Tokyo, Trocadéro… - pour mettre en œuvre un tournoi plus compétitif sportivement d’année en année, avec des guests toujours plus prestigieux ainsi qu’une programmation de plus en plus étoffée. L'entente avec Jordan aura connu un coup d’arrêt, à l’origine de l’absence d’édition en 2013, mais les parties ont solidifié leur partenariat et depuis lors, la marque élabore chaque saison une large collection de produits liés à la manifestation.

Le Quai 54, grand moment du calendrier sneakers annuel

S’il a donc fallu attendre 2014 pour entrevoir les collections annuelles Jordan x Quai 54 auxquelles nous sommes désormais habitués, les deux associés nous avaient déjà délivré des produits co-brandés avant cette date. “Les meilleurs”, diront les puristes, et ils n’ont pas complètement tort. Car comment ne pas être séduit à la vue de cette Air Jordan Force 5 Fusion “Wine and Grind” de 2008, la Jordan 1 Retro Quai 54 “Ruff N Tuff” qui l’a suivie en 2009, les Jordan 5 et 9 de 2011 ou encore cette AJ4 de 2012 ?

Ces silhouettes avaient la particularité d’être ultra-limitées, les organisateurs du Quai ont voulu et donc obtenu le déploiement de collections plus larges, quand bien même ils auront pu nous gratifier de quelques autres collectors par la suite, à l’image de ces Air Jordan 1 et AJ3 F&F de 2017 et 2018. La plus grande accessibilité ne signifie cependant pas qu’ils ont perdu la main sur les produits, bien au contraire ! Car là où le fondateur confiait en 2011 que les sorties “collaient le plus souvent à la stratégie produit annuelle de Jordan” et décrivait ainsi “un faible impact sur la réalisation du design”, on sent qu'il s'est depuis affirmé. En attestent l’introduction d’un nouveau logo ou une esthétique bien ancrée depuis 2019, aux inspirations africaines. On la retrouvera encore cette année au travers de Air Jordan 1 Low, AJ2 ou Jordan Luka 2, en attendant de potentielles surprises, 20ème anniversaire oblige. Le Quai 54 nous réserve encore de grands moments de basket(s), et il y a de quoi s’en féliciter : il est de ceux qui font rayonner durablement la France dans le domaine de la sneaker !

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Alexandre Pauwels

Journaliste sneakers, mode, lifestyle. Auteur du livre "Sneakers Obsession".