8 anecdotes à connaître sur la Nike Shox

Rares sont les sneakers aussi identifiables que la Shox. Avec sa semelle si singulière, portée par des colonnes que l'auteur de ces lignes désignait comme des ressorts dans une déclaration d'amour au modèle, elle est la quintessence de l'esthétique audacieuse du début des années 2000. Mais connaissez-vous vraiment tout à son sujet ? En marge du retour des versions White et Black de la Shox TL, gros plan sur les anecdotes entourant le classique de Nike

Sortie en 2000, mais théorisée... en 1984 !

La Shox est sortie en 2000, mais sa genèse remonte à 16 ans plus tôt. Et implique un certain Bruce Kilgore, concepteur de la Air Force 1. Celui-ci avait été missionné par le board du Swoosh après l'observation de la nouvelle piste de course indoor d'Harvard, dont la structure de bois recouvert de polyuréthane permettait d'absorber l'énergie d'impact du coureur pour la renvoyer dans sa foulée. L'idée était donc de retranscrire cette qualité en une sneaker. Tout sauf simple : Kilgore a vite eu l'idée des ressorts mais a planché sur une structure en acier pendant six ans, en vain. Il aura fallu un passage de témoin au designer Eric Avar, l'appui d'un ingénieur et d'un biomécanicien ainsi que des années de développement pour trouver la combinaison gagnante : des colonnes creuses en polyuréthane, soutenues par un contrefort de talon en TPU. La Shox sera lancée en décembre 2000 sous trois versions distinctes, toutes caractérisées par quatre ressorts disposés au talon : la running R4, la cross training XT4 et la bball BB4, par laquelle le modèle bâtira sa popularité.

Vince Carter en ambassadeur...

Si la Shox a connu le succès, c'est notamment du fait de son ambassadeur, la superstar NBA Vince Carter. Alors qu'il venait de rompre son contrat avec Puma et était courtisé par tous les grands équipementiers, Vinsanity, qui accordait sa priorité à qui lui offrirait un modèle signature, a choisi Nike à la présentation de la Shox BB4. Il lui assurera une exposition durable grâce à ses performances dantesques, la mettant même en valeur avant sa sortie officielle, via un épisode resté dans les mémoires de tous les amateurs de basketball.

... immortalisé dans le "dunk de la mort"

Carter a pu endosser la Shox BB4 en marge de sa commercialisation, lors des Jeux Olympiques de Sydney. Là, à l'occasion d'un match de premier tour face à la France, il exécute le "dunk de la mort" : un poster légendaire, avec un saut par-dessus les 218 centimètres du pauvre Frédéric Weis. De quoi lancer idéalement en Shox en renforçant l'impression visuelle qu'elle est montée sur ressorts, caractéristique sur laquelle Nike ne manquera pas de jouer dans de futurs spots publicitaires.

Serena Williams l'a aussi portée, et de quelle façon !

Vince Carter ne fut pas le seul sportif à l'avoir comme paire signature. C'est un fait oublié, mais Serena Williams a aussi débuté sa relation avec le Swoosh par la Shox. Quelques mois après avoir paraphé son contrat de sponsoring, en 2004, la légende du tennis révélait une Shox Glamour SW durant l'US Open. Faisant étalage de son sens du style, elle y avait ajouté des extensions en cuir pour lui donner des allures de boot. Malgré ce coup d'éclat, Serena abandonnera vite le modèle au profit de la NikeCourt Flare.

Des R4 aux TL, de multiples versions

Outre les premières bball ou running, la Shox fut déclinée dans de multiples versions, exagérant ou apaisant son design si particulier. Elle aura pu arborer 2 ressorts comme sur la Rivalry, ou au contraire afficher des colonnes sur toute la longueur de la semelle au travers de la TL - pour "Total" -, intronisée en 2003 et demeurée depuis la déclinaison la plus prisée de la gamme. Enigma, Turbo, Ride, NZ ou Gravity sont parmi les autres itérations imaginées.

Nike a attaqué adidas pour une technologie jugée proche

Toujours vigilant sur ses trademarks, Nike a accusé son plus grand rival adidas d'avoir copié sa technologie en 2006. Dans sa plainte, le Swoosh incriminait le système d'amorti A3 de la marque aux trois bandes, déployé sur les sneakers du même nom, estimant qu'il enfreignait ses quelque 19 brevets autour de la Shox. La justice ne tranchera pas en sa faveur, et permettra à adidas de poursuivre la commercialisation des A3. Qui n'atteindront jamais l'impact des Shox.

Un symbole de mouvements underground

Ainsi que nous avons pu l'induire au moment d'évoquer la TL, il n'y a pas que les fans de Vince Carter qui ont apprécié la Shox. Son esthétique, perçue comme avant-gardiste ou agressive mais dans tous les cas unique, a pu parler à de nombreuses subcultures de la scène grime à certains cercles électro. On notera que depuis quelques années, elle possède en parallèle une image de "paire de papa", notamment héritée de son port par l'humoriste Jerry Seinfeld et surtout Hugh Laurie dans la série Dr House. 

Peu de collabs, mais un rythme qui s'accélère

Malgré son design tranché laissant envisager de multiples possibilités, la Shox n'a pas fait l'objet de nombreuses collaborations. Il aura fallu attendre 2019 et une première salve autour des R4 menée par Neymar (!), suivi de près par COMME des GARÇONS, size? et Skepta sur les Total, pour ouvrir les vannes. Supreme et Martine Rose ont repris le flambeau en 2022, et on espère bien que d'autres suivront après le retour attendu des TL White et Black !

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Alexandre Pauwels

Journaliste sneakers, mode, lifestyle. Auteur du livre "Sneakers Obsession".