L’histoire de Nike et de ses sneakers

Un bon sneakers addict peut-il se contenter d’accumuler les paires au point de ne plus savoir où ni comment les ranger ? Ou doit-il aussi obligatoirement tout savoir sur les modèles qu’il a l’habitude de porter ? Il nous paraît évident qu’un amateur de baskets aguerri doit surtout être incollable sur la culture sneakers. Voilà pourquoi nous vous proposons aujourd’hui sur Kikikickz de découvrir ou éventuellement redécouvrir l’histoire de Nike.

Retrouvez l'histoire de Nike dans l'excellent ouvrage "Sneakers Obsession" d'Alexandre Pauwels :

Nike, un équipementier sportif historique

L’histoire de Nike débute officiellement en 1971. Mais pour bien comprendre ce qui a amené Phil Knight et Bill Bowerman, ses co-fondateurs, à se lancer dans le grand bain du sportswear, il faut remonter le passé de quelques années supplémentaires.

De Blue Ribbon Sports à Nike, les origines du succès.

Blue Ribbon Sports, 1964.
Crédits photo: Nike.com​​

Car la pierre fondatrice de l’équipementier sportif de référence tel que nous le connaissons toutes et tous à présent a en effet été posée au cours de la décennie précédente. Après leur rencontre sur les bancs de l’Université de l’Oregon, où Bill Bowerman a été l’entraineur d’athlétisme de Phil Knight durant ses études de journalisme, les deux acolytes ont créé une première société baptisée Blue Ribbon Sports, en 1964. A l’aube de l’essor de la course à pied, ces derniers débutèrent leur belle histoire entrepreneuriale en commercialisant aux Etats-Unis les chaussures de course d’Onitsuka Tiger, plus connue désormais sous l’entité ASICS. Forts de leurs premières réussites et de la démocratisation du running qui s’annonçait plus intensément, ils décidèrent en 1970 de mettre fin à leur partenariat avec Onitsuka afin de pouvoir voler de leurs propres ailes. D’autant qu’en parallèle, Bowerman avait conçu une paire de chaussures qui allait grandement servir leur quête d’indépendance.

Voilà comment Nike a vu le jour, en 1971.

Phil Knight, à gauche, et Bill Bowerman, à droite, les deux co-fondateurs de Nike​​.

La société a été fondée presque du jour au lendemain, et ce afin de pouvoir prendre part aux Jeux Olympiques d’été de 1972, à Mexico. Nike pu compter dans cette optique sur cette fameuse chaussure que nous évoquions précédemment. Il s’agit de la Cortez, un modèle taillé pour la course qui a donc été imaginé par Bill Bowerman lorsque son associé et lui évoluaient encore pour le compte d’Onitsuka, précipitant la fin de leur partenariat. Reconnaissable entre toutes grâce à son design des plus simplistes ponctué d’une forme arrondie caractéristique sur le devant du pied, la Nike Cortez a joué un rôle prépondérant dans le développement de l’équipementier américain.

Et c’est peu de le dire puisque Steve Prefontaine, ainsi chaussé de la première basket de Nike, a remporté l’épreuve du 5000 mètres aux JO d’hiver de Munich, quelques mois seulement avant ceux d’été qui consacrèrent définitivement la Cortez : celle-là même que Tom Hanks, aka Forrest Gump, a incarné au cinéma dans le film culte de 1994. A cette occasion, l’emblématique logo de Nike, le Swoosh, fût lui aussi intronisé sur la scène internationale. Pour l’anecdote, sachez que celui-ci a été dessiné par Carolyn Davidson, alors jeune étudiante en graphisme, pour la modique somme de 35 dollars. Il est inspiré des ailes de Niké, déesse grecque de la victoire. 

Nike Cortez, 1972.
Crédits photo : Nike.com​​

Nike à la conquête du basketball et de la NBA.

Si Nike a bâti son succès autour du running, une discipline qui fait toujours partie intégrante de son ADN, très vite, ses dirigeants ont cherché à faire rayonner leur Swoosh dans d’autres sports majeurs, à commencer par le basketball.

George Gervin aka Iceman
Crédits photo : expressnews.com​​

La Nike Bruin est sortie de terre en 1972, sans jamais parvenir à s'élever suffisamment pour réussir à concurrencer les références de l’époque telles que la Converse All Star et, surtout, les Supergrip et Pro Model d’adidas, les grandes-sœurs de la mythique Superstar. Un an plus tard, en 1973, la marque à la virgule tenta de rectifier le tir avec la Blazer. L’essai se révéla beaucoup plus concluant, Nike étant parvenu à greffer sa silhouette renommée ainsi en référence aux Portland Trail Blazers, champions NBA 1977, aux pieds de George Gervin aka ‘’Ice Man’’ (cf. photo ci-dessus).

D’aucun ne saurait contester la dimension à la fois historique et emblématique de la Blazer. Mais celle-ci ne se révéla pas suffisante pour permettre à Nike de remettre en question l’hégémonie des équipementiers leaders sur le marché du basketball. Heureusement, Phil Knight et Bill Bowerman peuvent se targuer d’avoir une bonne étoile. Comme par magie, ce petit quelque chose en plus qu’il leur manquait pour passer à la vitesse supérieure sur les prestigieux parquets de la NBA allait leur être servi sur un plateau. Un plateau doré finalement déposé devant leur porte, par Frank Rudy.

Nike Air, une technologie innovante signée Frank Rudy.

Il est tout bonnement impossible de parler de l’histoire de Nike sans revenir sur les origines de la technologie Air et l’impact qu’elle a eu sur la marque, tant d'un point de vue technique que marketing et commercial.

Frank Rudy
Frank Rudy​​

C’est donc Frank Rudy, un ancien ingénieur de la NASA, qui l’a développée plus tôt dans le but initial de renforcer la sécurité des cosmonautes. Le système à base de cellules de gaz comprimé a d’abord été proposé à adidas qui n’a pas su percevoir son potentiel immense, à l’inverse de Nike. C’est dans la Tailwind de 1978 qu’il a été exploité pour la première fois. La technologie fût soumise à rude épreuve durant la saison des marathons à Hawaï. C’est toutefois en 1982 qu’elle a définitivement séduit le grand public grâce à Bruce Kilgore et sa Air Force 1, une icône au demeurant intournable qui a de fait une place de choix sur Kikikickz. Celle qui porte le nom de l’avion présidentiel américain et qui devint ensuite la « uptown » est elle-même riche d’une histoire passionnante que nous vous proposons de revivre en détail ici. Incarnée quant à elle par toute une floppée de stars dignement représentées par Moses Malone, la AF-1 a permis à Nike d’enfin s’assoir sur le trône du basketball. Un trône que le géant américain s’est attelé à défendre de la plus belle des façons dans les années qui suivirent.

Nike Air Force 1, 1982.
Nike Air Force 1, 1982.​​

Comment aurait-il effectivement pu mieux s’y prendre qu’en signant Michael Jordan au nez et à la barbe d’adidas, à la veille de son arrivée dans le monde professionnel, aux Chicago Bulls ?

La Air Jordan 1 a été lancée en 1985, la même année que la Dunk et son incontournable version basse, la Dunk Low, qui sont toutes les deux l’œuvre de Peter Moore.

Michael Jordan
Crédits photo : ​​Nike.com

Les deux sneakers se ressemblent d’ailleurs à s’y méprendre. Les fans de basketball et de baskets n’ont cependant découvert le modèle que lors du All Star Game NBA, la même année au mois de février, et ce dans son coloris ‘’Chicago’’. Après avoir porté la Nike Air Ship lors de sa première saison professionnelle, le natif de Brooklyn a écumé la AJ1 pendant toute la deuxième. Le mythe est ainsi né et force est de constater qu’il se poursuit de plus bel, y compris ici, sur la boutique, où vous pouvez retrouver les plus belles éditions limitées de la Jordan 1 et des autres pro-models de l’ancien joueur. Contrairement à cette dernière, la Dunk n’est pas équipée de la technologie Air. Conçue pour sa part pour les basketteurs évoluant dans les grandes universités américaines, aux couleurs desquelles elle fût immédiatement déclinée dans la collection ‘’Be True To Your School’’, la Dunk doit son salut hors des terrains aux skaters. Depuis 2002 et l’inauguration de la division Nike SB par Sandy Bodecker, elle est à titre officiel l’une des chaussures de skate de prédilection des amateurs de glisse.

L’avènement de la Air Max à l’heure de la révolution du running.

Tinker Hatfield, Nike Air Max 1
Tinker Hatfield, Nike Air Max 1​​

En concentrant tous ses efforts, ou presque, sur le basketball, Nike a lâché du lest sur le marché des chaussures de course. La firme de Beaverton est passée en outre tout près de perdre son leadership dans le running. L’heure de la révolution avait sonné.

Quand elle a commencé à sentir le vent tourner en sa défaveur, tel un électrochoc, elle sollicita l’aide de Tinker Hatfield, un autre ancien pensionnaire de l’Université de l’Oregon recruté en 1981 en tant qu’architecte d’intérieur. Le récent vainqueur d’un concours interne de design se vit confier la mission délicate de dessiner le modèle qui allait repositionner Nike dans la course. L’usage de la technologie Air s’imposa naturellement de lui-même. Visionnaire, Hatfield décida d’aller à contre-courant de ses prédécesseurs pour rendre visible ce qu’ils avaient décidé de dissimuler.

A l’instar du Centre Pompidou et de sa façade vitrée, qu’il visita lors d’un voyage à Paris, le designer dota sa Air Max 1 d’une fenêtre qu’il intégra dans la semelle, au niveau du talon, pour dévoiler les entrailles du système de Frank Rudy. La Air Max est plus globalement un projet initié en 1987 qui consista dès le départ à accorder toujours plus d’importance à ce concept d’air visible. D’autres designers non moins talentueux s’évertuèrent à en repousser les limites. Citons bien sûr Sergio Lozano et sa Air Max 95, Christian Tresser et sa Air Max 97 ou encore Sean McDowell et sa Air Max Plus, plus connue sous la désignation Tn

Toutes ces Air Max ont amplement contribué à la reconquête brillante du running par Nike pendant plus de 10 ans, entre 1987 et 1998.

Nike Air Jordan, une dynastie de sneakers b-ball emblématiques.

Air Jordan 4 Shimmer
Air Jordan 4 Shimmer​​

Une chose est sûre : Nike sait apprendre de ses erreurs. La marque au Swoosh a opéré un formidable retour en force dans le running à la fin des années 1990 tout en réussissant à maintenir le cap dans le basketball, même si l’échec de la Air Jordan 2, conçue conjointement par Peter Moore et Bruce Kilgore, a faillait pousser Michael Jordan à aller voir ailleurs si l’herbe n’y serait pas plus verte. Jugée trop luxueuse par le GOAT himself, alors qu’il avait un penchant assumé pour les chaussures de luxe italiennes, la AJ2 n’a effectivement jamais séduit l'intéressé ni les sneakers addicts. Pour éviter qu’il ne quitte le navire afin de s’engager en faveur de son rival allemand, Nike a à nouveau appelé Tinker Hatfield à la rescousse. Et, une fois n’est pas coutume, celui-ci s’est montré à la hauteur. La Air Jordan 3 et son célèbre « Elephant Print » ont convaincu l’ex-pensionnaire de l’UNC de poursuivre l’aventure avec Nike. Hatfield embraya immédiatement pour signer de son coup de crayon inimitable la grande majorité des modèles signatures de Michael Jordan qui suivirent. Parmi ceux-ci, les références dites « retro » se démarquent toujours, non pas sur les terrains, mais dans la rue. C’est le cas notamment de la Jordan 4 que tous les fans du genre s’arrachent.

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Benjamin Descamps

Fan de sneakers depuis l'adolescence. J'ai un faible pour les Jordan rétro et les premières Air Max. J'interviens sur l'Edito pour vous parler de tout ce qui a trait à la culture sneakers, tant en termes d'actualité que d'histoire.