La Nike Air Max Plus est une sneaker à part, tant pour son design que son histoire. Une histoire qui a écrit ses plus belles lignes chez nous, en France ! À l'occasion de son 25ème anniversaire, gros plan sur le parcours fascinant de notre requin nationale, dont l'ascension s'est confondue avec celle de notre propre street culture.
La Air Max Plus, fruit d'une collaboration inédite

La Air Max Plus est unique dès l'idée même de sa conception. En effet, elle est le fruit d'un partenariat inédit entre Nike et le détaillant Foot Locker. Selon le designer de la paire Sean McDowell, la technologie de la semelle connue sous le nom de Tuned Air - caractérisée par des hémisphères améliorant la stabilité - était la propriété du retailer, qui faute d'avoir pu la développer seul, a fini par faire appel au Swoosh pour intégrer sa gamme Air Max. Leur accord prévoyait un partage des brevets sur la paire, et une exclusivité de distribution à l'avantage de Foot Locker.
Le designer Sean McDowell, sauveur du projet "Sky Air"

Le design du projet collaboratif revenait à Nike, qui se devait donc de convaincre Foot Locker tout en répondant à un cahier des charges bien précis, prévoyant notamment l'insertion sur la tige du logo hexagonal avec la mention de TN. Or, il a dû essuyer une quinzaine de refus de son associé. Jusqu'à l'intervention du jeune Sean McDowell, fraîchement arrivé dans ses équipes, qui allait avec sa proposition sauver toute l'opération.
Un design romantique...

C'est le nom du projet de Nike et Foot Locker, "Sky Air", qui a inspiré McDowell dans la conception de la Air Max Plus. À son évocation, le créateur a immédiatement repensé aux croquis qu'il avait réalisés lors d'un récent séjour en Floride. Les ondulations en TPU lui sont venues de la vision de palmiers dans le vent, le motif de la midsole de la queue d'une baleine sortant de l'eau, les coloris OG "Hyperblue", "Black/Silver/
... aux détails singuliers...

La Air Max Plus se distingue par des détails bien à elles. Notamment un swoosh plus vertical qu'à l'accoutumée, découlant de l'inexpérience de McDowell chez Nike. "Personne ne m'avait donné de conseils parce que c'était mes premiers jours. La forme du swoosh est un peu décalée et j'ai mis la bordure à l'intérieur, alors que techniquement, toutes les directives de la marque disent d'aller à l'extérieur", a-t-il pu expliquer. En outre, les dégradés de couleurs qu'il avait imaginés rendaient la marque sceptique, et McDowell a dû vérifier leur faisabilité jusque dans les usines pour défendre son idée.
... plébiscité en bas des tours !

La TN avait un goût d'inédit à l'époque de sa sortie en 1998. Et si la runner a été bien reçue par le public à travers le monde, c'est en Australie et en France, surtout, qu'elle a séduit tout particulièrement. Et en premier lieu... dans les cités. Attirés par son design atypique de même que son prix très élevé lui conférant une dimension statutaire, de nombreux lascars se l'approprient et en font la promotion dans les grands ensembles.
"La requin", ce surnom mythique

On ne sait de qui il vient, mais sûrement de ceux qui ont constitué son premier public en France. Toujours est-il que le surnom de "requin" a été attribué à la Air Max Plus pour son design jugé "agressif", avec dans le détail des références à l'exosquelette qui rappellerait une branchie ou le coloris OG Hyperblue résolument aquatique. Ce surnom est là encore unique dans le sneakers game, typiquement français et nullement traduit à l'étranger, où on désigne plutôt la paire par l'autre sobriquet répandu de TN.
"La paire de racaille", cet autre surnom

Dès son apparition mais aussi après son premier boom résultant de la popularisation du rap en France, la requin est perçue négativement par le plus grand nombre. Ainsi sera-t-elle communément appelée par les non initiés, et pendant longtemps, "la paire de racaille"... Cataloguée au même titre que l'ensemble de survêt' Lacoste, la Air Max Plus ne verra sa connotation s'atténuer qu'avec sa démocratisation récente.
Un succès français lié à l'explosion du rap

Après s'être vue appropriée par la rue - la vraie -, la requin va connaître une première démocratisation en France au début des années 2000. Ce sont les rappeurs, issus de ces mêmes cités où la TN est devenue un étendard, qui jouent le rôle de rampe de lancement. Du 113 à la Fonky Family, les représentants de la nouvelle scène en pleine ascension l'arborent sans modération sur des pochettes d'albums, dans des clips et apparitions médiatiques. Leurs jeunes auditeurs les imitent et propagent la tendance, au point que la requin est présente dans toutes les cours de récré au début du millénaire.
Un revival mode, pour une démocratisation totale !

Après son succès au début des années 2000, la requin tombe petit à petit en désuétude. Mais elle revient doucement à partir de 2016, moment où Foot Locker semble avoir perdu son exclusivité, Nike lui ouvrant de nouveaux horizons avec divers packs, notamment un "Satin" qui charme la gent féminine. Avec la consécration de la street culture, la requin s'affiche finalement aux pieds des fashionistas et achève sa résurgence. Son 20ème anniversaire en 2018 est célébré en grande pompe et depuis, la sneaker rassemble.
La requin ne fraye pas avec les collabs

Commercialisée sans interruption depuis son lancement en 1998 et aujourd'hui pleinement démocratisée, la Air Max Plus n'a curieusement jamais rallié le cycle des collaborations pourtant au cœur du marché. En effet, une seule et unique entité est venue retoucher le modèle, à savoir Supreme en 2020. La donne va-t-elle changer en 2023, année de son 25ème anniversaire ? À suivre !

Journaliste sneakers, mode, lifestyle. Auteur du livre "Sneakers Obsession".