La Air Force 1 est une icône. Un monument, même, sur lequel Nike veille scrupuleusement afin d’assurer autant sa légitimité que sa pérennité. Le modèle a joué un rôle prépondérant dans l’histoire de l’équipementier et plus globalement des sneakers, au point de devenir l’une des baskets les plus déclinées par ce dernier. Parmi ses nouvelles éditions ainsi façonnées par les successeurs de Bruce Kilgore, le père-fondateur du modèle, figure la Air Force 1 Low ‘’Blackout’’. La paire, dont la simplicité n’a d’égale que la dimension historique, arbore une finition bicolore personnalisée à l’effigie de la Terror Squad de Fat Joe. Pour la découvrir, nous vous proposons un petit voyage dans le passé. Direction Rucker Park, à New York, où le crew du célèbre rappeur aurait dû disputer en 2003 un match de streetball spectaculaire face à celui de Jay-Z.
Du basketball au hip-hop, la Air Force 1 renoue avec ses racines.
L’histoire des sneakers est intimement liée à celle du basketball. C’est peu de le dire tant les baskets qui se sont révélées sur les terrains avant de rebondir dans la rue sont nombreuses. C’est le cas bien sûr de la Air Force 1.
Créée pour rappel en 1982 par le designer Bruce Kilgore, la Air Force 1 est la première chaussure de basketball du Swoosh à avoir intégré la technologie d’amorti Nike Air. Une révolution qui marqua d’autant plus vite les esprits qu’elle fût incarnée sur les parquets de la NBA par une pléiade de stars de l’époque, à commencer par l’illustre Moses Malone. En l’espace de deux ans, la AF-1, dont le nom commun à celui de l’avion présidentiel américain (Air Force One, ndlr) symbolise sa capacité à s’élever dans les airs, est ainsi devenue incontournable.
Sur les terrains de basketball, naturellement, puis au-delà de leurs frontières où 3 revendeurs de Baltimore œuvrèrent pour la maintenir à flot. Depuis 1986, la silhouette n’a jamais disparu du catalogue de Nike ni de la rue où elle n’a fait au contraire que renforcer sa présence. Et ce grâce notamment à des figures de la scène hip-hop telles que Fat Joe ou encore Jay-Z.

L’histoire des sneakers, et de la Air Force 1, est donc également liée à celle du rap. Mais, sur ce point, tout n’a pas toujours été tout rose. Un évènement illustre parfaitement les tensions au cœur desquelles la sneaker culte de Nike s’est retrouvée malgré elle dans les années 1990 et 2000. Un match de basketball, plus précisément, qui aurait justement dû opposer en 2003 Fat Joe et Jay-Z ainsi que leurs labels respectifs.
Quand Fat Joe et Jay-Z voulaient régler leur compte sur les playgrounds.
Au début des années 2000, la rivalité entre les deux rappeurs était à son paroxysme. Une rivalité sur tous les plans. Musical, évidemment, mais aussi et surtout territorial.
Fat Joe et Jay-Z sont tous les deux natifs de différents quartiers de New York : le Bronx, pour le premier, et Brooklyn, pour le second. Entre eux se situe le quartier non moins populaire de Harlem où demeure l’un des playgrounds emblématiques de la ville : Rucker Park (en savoir plus). C’est là, à l’angle de 155e rue et de la huitième avenue que se déroule chaque année l’EBC (Entertainer’s Basketball Classic), un tournoi de streetball fondé par Greg Marius en 1982. Celui-ci réunit chaque année des joueurs majeurs de la NBA et de son antichambre, la NCAA, à la manière de notre Quai 54 national, si vous nous permettez la comparaison.
En 2003, alors que la tension entre Fat Joe et Jay-Z était à son comble, les deux protagonistes se donnèrent rendez-vous lors de la finale de l’EBC pour en découdre sur les terrains. Le rendez-vous était pris avec au programme une sélection des meilleurs basketteurs de NBA et de NCAA du moment.

De son côté, Fat Joe avait constitué sa Terror Squad athlétique avec Allen Iverson, Stephon Marbury, Carmelo Anthony, Jermaine O’Neal et Yao Ming. Jay-Z et sa Team S. Carter n’étaient pas en reste avec Sebastian Telfair, Jamal Crawford, LeBron James, Lamar Odom et Shaquille O’Neal. Un véritable choc des titans sur fond de rivalité artistique, sportive et stylistique s’annonçait. Car ce qui devait être le match de l’année était aussi dicté par la guéguerre entre Nike et Reebok, la marque au Swoosh ayant glissé sa Air Force 1 aux pieds des membres du crew de Fat Joe tandis que Jay-Z reçu plus tôt année-là sa paire baskets signatures signée Reebok, la S. Carter.
Voilà, dans les grandes lignes, l’environnement historique et le contexte à la fois stratégique et passionnant dans lesquels aurait pu avoir eu lieu ce match d’anthologie.
Vous l’aurez compris, la rencontre tant attendue, à laquelle une foule immense s’était pressée de venir assister, a finalement été annulée. La faute, officiellement, à une coupure de courant survenue dans l’après-midi dans le nord des Etats-Unis et qui a impacté une grande partie de New York, dont le quartier d’Harlem. Les acteurs de l’évènement et les spectateurs attendirent longtemps que l’électricité reviennent. Jay-Z proposa même de disposer suffisamment de voitures avec les phares allumés autour du terrain afin de l’éclairer. En vain. Il fût décider de reporter le match dès lors surnommé « Blackout Game ». Mais la Team S. Carter ne refit pas le déplacement. La victoire fut donc attribuée sur tapis vert à l’équipe de Fat Joe.
Présentation de la Terror Squad x Nike Air Force 1 Low Blackout


20 ans plus tard, Nike nous rappelle au bon souvenir de ce match utopique à travers une Air Force 1 Low ‘’Blackout’’ façonnée spécialement en l’honneur de la Terror Squad de Fat Joe. Le concept n'est pas nouveau, au contraire du coloris dont la sortie est prévue sur l’application SNKRS le 16 septembre à 9h. Celui-ci dévoile une finition noire et blanche simple mais ô combien efficace qui devrait ravir les fans du genre. Les inconditionnels de la AF-1 seront également au rendez-vous de cette release qui s’inscrit visuellement dans la lignée de l’incontournable Dunk Low ‘’Panda’’. On retrouve effectivement tout ce qui fait la force de ces baskets Nike très en vue en ce moment sur le sneakers game. Une base blanche, tout d’abord, puis des renforts superposés noirs. La recette, aussi simple soit-elle, est bien rodée. Collaboration oblige, la dernière itération de la Air Force 1 est riche par ailleurs d’un branding personnalisé. Les initiales de la Terror Squad se sont invitées à l’arrière de chaque panneau extérieur tandis que celles de Joey Crack, l’un des surnoms de Fat Joe, ornent le healtab. Enfin, un bijou de lacet métallique estampillé de la mention ‘’AF-1 1982’’ peaufine le look dont le duo de noir et de blanc caractéristique s’étend jusqu’au bout de la semelle.


Est-ce que la Team S. Carter aura aussi droit à sa Air Force 1 signature ?
Nous pouvons nous poser la question dans la mesure où beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis l’organisation avortée du « Blackout Game ». Les relations entre les deux rappeurs new-yorkais sont beaucoup plus cordiales que par le passé. Jay-Z n’est d’autre part plus lié à Reebok en aucune façon et nous avons vu qu’il s’était même érigé comme l’un des meilleurs ambassadeurs de la AF-1. Sa paire de prédilection ? La Air Force 1 Low ‘’Triple White’’ classique, naturellement. Cet été, il a aussi été aperçu à Paris en compagnie de Beyoncé avec la Off-White x Nike Air Force 1 Low ‘’MoMA’’ aux pieds, relançant l’engouement pour l’une des collaborations les plus limitées du label milanais de Virgil Abloh.

Fan de sneakers depuis l'adolescence. J'ai un faible pour les Jordan rétro et les premières Air Max. J'interviens sur l'Edito pour vous parler de tout ce qui a trait à la culture sneakers, tant en termes d'actualité que d'histoire.