Il est l'un des designers les plus influents de notre temps. Kim Jones est de ceux qui ont permis au streetwear de déferler sur les podiums, de ceux qui ont ouvert la voie à des collaborations majeures longtemps inimaginables, de ceux qui savent manier les héritages des maisons dont ils ont la responsabilité avec singularité et modernité. Alors qu'il fête ce 11 septembre son 49ème anniversaire, portrait d'un créateur qui, encore aujourd'hui à la tête des maisons Dior et Fendi, donne tout son sens au terme d'avant-gardiste.

Un prodige précoce
Enfant, Kim Jones a beaucoup voyagé. De l'Éthiopie aux Caraïbes en passant par la Tanzanie et l'Équateur, le natif de Londres garde des paysages qui ont défilé devant ses yeux un goût immodéré pour les cultures, qui sera le socle de sa carrière. De retour dans la capitale britannique, il étudie la photographie et le graphisme avant d'intégrer le prestigieux Central Saint Martins College of Art and Design, où il se spécialise dans la mode masculine.

Jones marque les esprits dès sa collection de fin de diplôme, John Galliano se portant acquéreur de la moitié des pièces ! Il lance une marque à son nom dans la foulée en 2003, directement présentée à la Fashion Week, qu'il dirigera en parallèle de multiples activités auprès d'entités diverses et variées - Uniqlo, Hugo Boss, Umbro jusqu'aux publications i-D ou Dazed & Confused -, mais finit par la stopper en 2008 au moment de prendre, à 35 ans, son premier poste de directeur artistique chez Alfred Dunhill. Ses créations remarquées lui valent des nominations aux British Fashion Awards et lui ouvrent, surtout, les portes de Louis Vuitton.

Coup d'éclat Supreme chez Louis Vuitton
Kim Jones intègre LV en 2011 en tant que directeur du prêt-à-porter pour Homme, sous l'égide d'un Marc Jacobs alors à la tête de toute la production de la maison. Au départ du designer en 2013, il prend du galon et gagne en visibilité. Jones rompt alors avec le style d'épure de ses prédécesseurs pour des créations évocatrices d'horizons nouveaux, faisant la part belle aux motifs et imprimés. Et bientôt, au streetwear.

Ainsi vient en 2017 son coup d'éclat le plus fameux. Amoureux de street culture, le designer l'honore en invoquant une collab avec Supreme sur une collection complète. Une alliance inédite qui remue les foules autant qu'elle marque l'histoire, dans la mesure où elle entérine la grande tendance streetwear sur les podiums. Nommé à la tête de Dior un an plus tard, tandis que Virgil Abloh le remplace chez Vuitton, Jones y poursuit sa révolution.

Le roi des collaborations
Dès sa prise de fonction à la tête de Dior, Jones intronise un style rafraîchissant mêlant tailoring et streetwear, fait appel à de grands talents pour l'appuyer - Yoon Ahn d'AMBUSH ou Matthew M. Williams -, tout en surfant sur son expérience réussie avec Supreme. Ainsi multiplie-t-il les collaborations, en invitant chaque saison un artiste différent pour co-créer la collection en sa compagnie. À commencer par une autre figure de la street culture, KAWS.

S'en suivront Hajime Sorayama, Raymond Pettibon, Daniel Arsham, Shawn Stussy, Kenny Scharf, Peter Doig... et finalement, dans le cadre de sa collection Été 2022, un certain Travis Scott. De quoi boucler sa révérence au streetwear, entretemps peaufinée par une autre collab mythique avec Jordan, sur une capsule textile et deux Air Jordan 1. Également à la tête des collections Femme de Fendi depuis 2020, Kim Jones n'a certainement pas fini de nous éblouir. Et de marquer, toujours un peu plus, l'histoire de la mode.


Journaliste sneakers, mode, lifestyle. Auteur du livre "Sneakers Obsession".