Journée du recyclage : Quelles sont les initiatives du sneakers game ?

En cette journée internationale du recyclage, zoom sur les initiatives eco-friendly mises en place par les équipementiers ! La prise de conscience écologique ayant pris de l’ampleur ces dernières années, les consommateurs accordent une attention particulière à l’éco-responsabilité et les marques l’ont bien pris en compte. Les géants du sportswear ont ainsi lancé plusieurs gammes intégrant le recyclage, tandis qu’en parallèle, de nombreuses marques ont vu le jour sur une promesse écologique. Louable, mais certainement pas suffisant…

Nike vs adidas, lutte eco-friendly

Le Swoosh a été parmi les premiers acteurs à prendre la mesure des déchets générés par les sneakers, lançant dès 1993 l’initiative Reuse-a-shoe pour recycler des baskets usagées. Une initiative isolée qui s’est plus tard muée en stratégie visant à atteindre le zéro déchet et une empreinte carbone nulle, baptisée Move to Zero. Dans ce cadre, l’équipementier de Beaverton peut tout aussi bien proposer des modèles déjà portés ou avec des défauts via son nouveau service Nike Refurbished, que nous distiller des paires constituées de matières recyclées.

On pense à la collection Space Hippie, dont le Flyknit est réalisé à 90% de bouteilles plastiques récupérées, mais aussi au Flyleather et ses fibres de cuir recyclé. Les noms de Crater ou Next Nature induisent également une production eco-friendly, tout du moins en partie, tandis qu’une ligne vegan “Better” serait également en préparation. adidas fait plus que suivre les pas de son concurrent. La marque aux trois bandes est allée plus loin, en signant un partenariat avec l’ONG Parley for the Oceans en 2015, point de départ de l’élaboration de modèles en plastique retiré des océans, synthétisé par le terme Primeblue. S’ajoutent la gamme Primegreen et celle des Clean Classics vegan, ou une Stan Smith Mylo, du nom de sa matière principale, substitut de cuir naturel à base… de champignon.

Les petits acteurs comme moteurs, mais…

D’autres n’avaient pas attendu pour utiliser des sources végétales, à l’image de Le Coq Sportif avec son cuir de raisin. Et que dire des petits acteurs, qui impulsent véritablement le marché de la sneaker responsable ! On pense à Veja bien entendu, Allbirds et Faguo aussi, mais en réalité de nombreuses griffes footwear ont vu le jour ces dernières années sur la base du respect de l’environnement. Dès lors, il n’est pas rare de voir des tiges en chanvre ou fibres de bananier, des semelles en algues ou pneus, des insoles en liège… L’éventail de matériaux, qu’ils soient végétaux et/ou recyclés, est tout simplement impressionnant !

On ne peut que se féliciter de ces différentes initiatives, et d’une innovation dirigée vers la responsabilité. Mais il y a un mais. Car si les sneakers intègrent toujours plus le processus de recyclage dans le choix des matières premières, quid de leur propre recyclage en bout de ligne ? Force est de constater qu’à ce sujet les résultats sont opaques, et que les données chiffrées font plutôt état de destruction plutôt que de durabilité. adidas a bien dévoilé la Futurecraft.Loop, première sneaker 100% recyclable qui selon la marque, pourra lui être renvoyée une fois usée, sera déconstruite et recomposée en une nouvelle paire, et ce à l’infini. La silhouette réussit la prouesse de ne contenir qu’une seule matière et aucune colle, deux barrages au recyclage - une basket standard contient en moyenne 14 matériaux, rendant le processus de recyclage délicat voire impossible, chaque composant nécessitant une réadaptation distincte. La Futurecraft.Loop, présentée en 2019 et annoncée pour 2021, n’a cependant toujours pas été commercialisée à grande échelle. De quoi induire un processus de fabrication complexe.

… est-ce bien suffisant ?

La fabrication, voilà justement un autre frein pour endiguer l’impact environnemental des sneakers, constituant la plus grande partie d’un vaste marché  - 24 milliards de chaussures étaient fabriquées en 2019, pour un rejet de 700 millions de tonnes de CO2, l’équivalent d’un pays comme l’Allemagne. De fait, les géants du sportswear sous-traitent leur production en Asie, où les processus posent souci : la Chine, premier fabricant, utilise ainsi le très polluant charbon dans son industrie. Quant à l’éloignement géographique, il induit un acheminement tout aussi nocif pour la planète. Une basket peut parcourir 17 000 kilomètres en bateau avant d’atterrir en rayon…

La sneaker eco-friendly n’est donc pas seulement faite en matériaux recyclés et recyclables, elle est fabriquée localement pour favoriser le circuit-court, sous des procédés respectueux de l’environnement. Les marques ont aussi pu s’engager sur ce versant, comme Nike, qui a assuré vouloir réduire de 30% l’empreinte carbone de sa chaîne logistique d’ici 2030. Un peu vain, si le Swoosh poursuit sa production toujours plus intensive, fruit d’un marketing encourageant la surconsommation. Un cercle vicieux encore bien loin de se faire vertueux.

 

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Alexandre Pauwels

Journaliste sneakers, mode, lifestyle. Auteur du livre "Sneakers Obsession".

1 commentaire

Camara Mohamed Sank 28 avr. 2022

Franchement vous êtes les meilleurs