La première réussie de Pharrell chez LV, tailoring et nudité, retour en force des sneakers… Ce qu’il faut retenir de la Fashion Week Homme Printemps/Été 2024

La Fashion Week Homme Printemps/Été 2024 est terminée, l’heure est au bilan ! Voilà ce qu’on a retenu de cette édition riche en enseignements, au premier rang desquels… le retour en force de nos sneakers chéries sur les podiums !

Pharrell imprime sa patte chez Louis Vuitton

C’était l’événement le plus attendu de cette Fashion Week. Nommé directeur créatif des collections Homme de Louis Vuitton en février dernier, Pharrell Williams présentait son tout premier vestiaire pour la maison française. Sur le Pont Neuf, sous les airs d’un orchestre ou d'une chorale de gospel et devant un impressionnant parterre de personnalités - Jay-Z et Beyoncé, Rihanna et A$AP Rocky, LeBron James, Kim Kardashian ou encore Zendaya -, Skateboard P a visé juste. Jouant des styles et influences avec brio, dans la droite lignée de son prédécesseur Virgil Abloh, Pharrell a rafraîchi les codes de LV à coups de “damouflage”, ou le damier emblématique revisité façon pixellisé et camouflage, motif phare de la collection intitulée “Lovers”. Les observateurs ont effectivement aimé, et prédisent même un immense succès commercial. Une première réussie !

Spectacles en plein air

Sur le modèle de Louis Vuitton, de nombreuses maisons ont opté pour le défilé en plein air, à l’image de Kenzo qui a investi la Passerelle Debilly ou de Jacquemus, qui au lendemain du calendrier officiel, a organisé son show dans les jardins du Château de Versailles. L’originalité était du reste au rendez-vous des présentations : chez Dior, les mannequins ont émergé de plateformes élévatrices, Ouest Paris a fait danser les siens sur de l’electro, Doublet en a fait défiler certains en hoverboards tandis que Rick Owens, comme un symbole du spectacle général, a réalisé des feux d’artifices. Des artifices pour réduire la portée du vêtement ? Fort heureusement non !

Tailoring et nudité, des tendances nettes

Il y avait en effet beaucoup à voir dans les collections estivales présentées durant cette Fashion Week parisienne. On en retient premièrement que l’exploration du tailoring, revisité dans le but d’une élégance décontractée, est toujours au cœur de la démarche des créateurs. Mais les chemins peuvent diverger : là où des Lemaire et AMI versent dans le minimalisme raffiné, d’autres plongent dans la nudité avec l’envie affichée de souligner la sensibilité masculine. Micro-short chez Hermès, tees transparents du côté de Dries van Noten, décolletés pour BLUEMARBLE, dos nu chez Loewe et pour les plus audacieux Ludovic de Saint Sernin et BOTTER des slips en cuir ou soutiens-gorge… tout cela, quand les torses n’étaient pas tout simplement nus ! Dans ce qu’on peut voir comme un dialogue fourni avec le sensuel vestiaire féminin, on aura également noté les emprunts de pantalons taille (très) haute, ainsi que de sequin et paillettes. Quant à la couleur de la saison, il s’agit sans nul doute du jaune. Du plus pâle au plus vif, de haut en bas jusqu’aux accessoires, il est venu dynamiser les vestiaires et notamment un gris également très en verve.

Stüssy, Palace, Carhartt, Levi's, C.P. Company… Junya Watanabe support de collabs

S’il y a une collection qui a pu nous surprendre, c’est celle de Junya Watanabe. Coutumier du fait, le créateur japonais affilié à COMME des GARÇONS a révélé une garde-robe faisant la part belle au patchwork, où la collab était plus que centrale. Et pour cause, on en a dénombré pas loin d’une vingtaine ! Stüssy, Palace, New Balance, Levi’s, C.P. Company, Oakley, Patta, Maison Kitsuné ou encore Carhartt - également visible chez sacai - étaient des invités. 

Kiko Kostadinov x ASICS, AURALEE x New Balance, Wales Bonner x adidas, CdG x Nike : Les sneakers de nouveau en vue

Les sneakers avaient reculé ces dernières saisons sur les podiums de la Fashion Week. Mais sur cette édition, et on ne boude pas notre plaisir, elles sont de retour en force. Et ce tant dans des signatures propres, comme chez Kenzo qui a dévoilé d’innombrables modèles ou Louis Vuitton, pour qui Pharrell a imaginé une silhouette ressemblant fort à la Puma GV Special, que via des collabs avec les principaux équipementiers.

Ces collabs nous viennent d’habitués. Wales Bonner a retravaillé la Neftegna d’adidas, Kiko Kostadinov prolongé son épopée chez ASICS avec des créations radicales, AURALEE introduit une toute nouvelle New Balance tandis que BOTTER et Reebok ont décliné leur sneaker 3D en slide.

Nike n’a pas été en reste, entre les Air Force 1 et Air Max upcyclées de Feng Chen et cette silhouette ACG co-signée par COMME des GARÇONS. Une paire inédite, entre la Terra et la Mountain Fly Low.

En dehors des podiums aussi, les révélations n’ont pas manqué. Via ces pop-ups toujours foisonnants à l’occasion des semaines de la mode, on aura pu découvrir moult collabs, entre les nouvelles Samba de Pharrell, les NB de thisisneverthat et surtout des ASICS, la marque ayant présenté dans un espace dédié des associations inédites avec Cecilie Bahnsen, Dime, Crafts for Mind, AIREI ou Hal Studios.

Et la chaussure la plus originale est signée…

La sneaker a donc regagné ses lettres de noblesse sur les catwalks, mais les chaussures plus formelles, bottes et autres slip-on restaient encore prédominantes. Pour ce qui est de la plus originale, le prix revient à nos yeux à CdG et ses doubles souliers, ou l’ajout d’une chaussure sur la chaussure, apposée en superposition ou carrément dans une direction opposée. Il y avait match avec les bottes ouvertes de Rick Owens, ou ce qui semble être une collab MSCHF x Crocs sur une Big Yellow Boot, révélée par l’artiste Tommy Cash. Pour sûr, cette semaine de la mode n'a pas manqué de piment !

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Alexandre Pauwels

Journaliste sneakers, mode, lifestyle. Auteur du livre "Sneakers Obsession".